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Paul-Alexandre Fortini : itinéraire d’un acteur prometteur


Michela Mondoloni le Mercredi 23 Juin 2021 à 20:41

Agé de 23 ans, ce jeune olmetain a déjà un parcours artistique bien rempli. Acteur de théâtre, directeur artistique du Festival de l’Olmu, il enchaîne les spectacles avec sa troupe entre Paris et la Corse. Pour cet amoureux du théâtre, sa région et plus particulièrement son village, demeurent au cœur de ses projets.



Paul-Alexandre Fortini 
Paul-Alexandre Fortini 
- Vous avez déjà un beau parcours. Racontez-nous...
-Mon parcours a débuté dès l’âge de 11 ans dans ma région, au sein de l’atelier de Céline Vincent à Prupià. Ce fut une révélation ! Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai intégré l’école Auvray-Nauroy à Paris durant 3 ans, ce qui m’a permis de me former et d’en apprendre davantage sur ce métier. J’ai fait beaucoup de rencontres et je suis monté sur scène à Paris à plusieurs reprises. J’ai par la suite monté la compagnie. Dès 2018, nous avons inauguré au mois d’août le festival de l’Olmu. Il a été nommé ainsi en hommage à mon village qui tient lui-même son origine de l’orme, arbre-symbole de la ville et du festival, représentant le désir de faire germer ce projet en Corse. 


- Comment est née la compagnie ?
- Après avoir joué dans Richard III de Shakespeare, j’ai voulu chercher une autre façon de jouer, ailleurs que dans des salles et dans un cadre estival. L’idée est restée. J’ai exposé ma vision au cours d’une discussion avec le Maire José-Pierre Mozziconacci durant l’été 2017 à la foire de Baracci. Là a été évoquée la nécessité de mettre en place des événements culturels au sein du village. J’ai donc travaillé ce projet et trouvé 3 autres acteurs qui étaient intéressés par la démarche et qui sont les co-organisateurs : Rebecca Vaissermann, Hadrien Marielle-Tréhouart et Lonis Bouakkaz.  Nous avons proposé un ensemble de pièces avec des membres permanents qui se jouent au sein du village, dans des lieux emblématiques comme l’église, le couvent Saint Antoine ou même la cour de l’école. Nous avons trouvé des soutiens financiers : la municipalité, la Collectivité de Corse, la DRAC ainsi que des partenariats locaux avec des entreprises. En août 2018, nous débarquions pour la première fois avec l’ensemble de la troupe pour le lancement du premier Festival de l’Olmu pour 5 jours de spectacles, deux fois par jour devant un public de 1500 voire 2000 personnes. 


- Comment se caractérisent vos spectacles ?
- Nos spectacles s’articulent autour de 4 lignes directrices : la gratuité, une médiation culturelle, l’encouragement de la jeune création, un ancrage patrimonial et des représentations en plein air. Le cœur de ce festival est Ulmetu, et tout le reste tourne autour. A travers nos représentations, nous souhaitons toucher notre public. Nos spectacles sont dans un rapport différent avec le public de celui en salles. Ils sont dans un rapport à des lieux emblématiques. Nous nous produisons sur des textes forts, en harmonie avec ces endroits. Par exemple, nous allons jouer « par les villages » de Peter Handke, un auteur autrichien, qui parle du retour au village natale pour un partage d’héritage, de la révolution ouvrière, de la perte du sacré, des gens qui désertent les églises. Nous jouons aussi des textes comme partage de midi et l’échange de Paul Claudel, mesure par mesure de William Shakespeare, divine comédie de Dante, mais aussi des écritures contemporaines, des textes personnels, poétiques. C’est très fort émotionnellement. Vous savez, en jouant ce type de texte, vous entrez en communication avec le public, mais aussi entre le village et le public, car le lien avec le patrimoine est très présent. Vous leur racontez une histoire. Nous proposons en parallèle des spectacles des ateliers d’initiation au théâtre, d’écriture en langue corse ou bien française, de poésie pour les jeunes. Ces derniers peuvent par la suite se produire au début ou à la fin de nos spectacles avec leurs propres productions. Nous avons jusqu’à présent à peu près 15 personnes par ateliers âgés de 6 à 13 ans. Nous organisons également des ateliers tous publics- jeunes adultes. Cela est très encourageant pour la suite.


- Quelle est la place du théâtre dans votre vie, dans vos projets ?
- Elle est centrale. C’était très important pour moi de pouvoir lier ma passion avec ma terre, de pouvoir agir aussi culturellement. Au-delà d’un métier, d’une passion, le théâtre est un vecteur de communication vibrant avec autrui. Lors de nos festivals, il se passe quelque chose entre nous et les gens qui assistent à nos représentations. Tout le monde entend la même histoire, mais l’interprète peut-être d’une façon différente. C’est très intéressant. Après une heure de spectacle, les gens viennent nous voir et nous disent que nous avons parlé avec de l’art. C’est un très beau partage. 


- Comment envisagez-vous l’avenir ?
- Pour le moment, je poursuis la tournée avec la compagnie prévue au mois d’août comme d’habitude durant une semaine qui se déroulera bien entendu dans le respect des mesures sanitaire comme l’an dernier. Je suis actuellement en discussion avec les villages des alentours pour la production d’autres spectacles à l’avenir. Je compte également poursuivre les projets, les représentations comme je le fais depuis maintenant plusieurs années. La transmission à la jeunesse est à mes yeux essentielle, et je compte y travailler. 
 
 
 

le public au Festival de l’Olmu
le public au Festival de l’Olmu